Les data sciences mettent à jour 4 types de personnalité

En faisant une recherche sur Internet je suis tombé par hasard sur un article faisant part du résultat d’une étude scientifique de la personnalité récente (17 septembre, 2018) et ouvrant des perspectives intéressantes en matière de psychologie et développement personnel :



Scientists determine four personality types based on new data: Comprehensive data analysis dispels established paradigms in psychology.

Ce qui donne en français :

Basé sur de nouvelles données, les scientifiques déterminent quatre types de personnalité : une analyse pertinente de données rend invalides certains paradigmes communément admis en psychologie.

Les chercheurs ont examiné les données de plus de 1,5 million de personnes ayant répondu au questionnaire et découvert au moins quatre groupes distincts de types de personnalité : Moyen, Réservé, Autocentré et Modèle. Ils sont basés sur les cinq traits de personnalité de base largement acceptés : le névrotisme, l'extraversion, l'ouverture, l'amabilité et la conscience. Les résultats remettent en question les paradigmes existants en psychologie et pourraient potentiellement intéresser les responsables du recrutement et les prestataires de soins de santé mentale.

Dans le détail, on pourrait répartir la population en quatre groupes de personnalités :
  • Les personnes Moyennes :




  • Elles sont riches en neuroticisme et extraversion, tout en étant peu ouvertes. "Je m'attendrais à ce que la personne type fasse partie de ce groupe", a déclaré Martin Gerlach, stagiaire postdoctoral au laboratoire d'Amaral et premier auteur du journal. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de tomber dans le type moyen.

  • Les personnes Réservées




  • Le type Réservé est émotionnellement stable, mais plutôt fermé. Les personnes du type Réservé ne sont pas particulièrement extraverties mais sont plutôt agréables et consciencieuses. En gros, elles sont aussi aimables et consciencieuses que les personnes du type Moyen, sont un peu plus fermées mais sont beaucoup plus introverties et émotionnellement stables.

  • Les Modèles de rôle




  • Les modèles de rôle ont un score faible en névrotisme et élevé pour tous les autres traits. La probabilité que quelqu'un soit un modèle augmente considérablement avec l'âge. "Ce sont des personnes fiables et ouvertes aux nouvelles idées", a déclaré Amaral. "Ce sont des personnes particulièrement aptes à diriger les choses. En fait, la vie est plus facile si vous avez plus de relations avec des modèles." Plus de femmes que d'hommes sont susceptibles d'être des modèles.

  • Les personnes Auto-Centrées




  • Avec un neuroticisme assez faible, peu aimables et consciencieuses, très fermées et extraverties.
    Les personnes centrées sur elles-mêmes obtiennent des résultats très élevés en extraversion et inférieures à la moyenne en matière d'ouverture, d'amabilité et de conscience. "Ce sont des gens que tu ne veux pas fréquenter", a déclaré Revelle. Il y a une diminution très spectaculaire du nombre de types égocentriques à mesure que les gens vieillissent, chez les femmes comme chez les hommes.

Première lecture :

Un premier niveau de lecture pourrait être d’ordonner les personnalités selon des voies de progression. Cette première lecture pourrait amener à réfléchir sur une théorie de développement personnel.

L’adolescent, comme décrit par les chercheurs de l’étude, est généralement Auto-centré. Acquérir plus d’amabilité et de conscience, semble :
  • soit augmenter son neuroticisme et faire très légèrement baisser son niveau d’extraversion. Il devient alors une personne Moyenne. Plus aimable et consciencieuse (consciente), un peu moins extravertie, toujours aussi fermée et avec un neuroticisme fort.
  • soit faire considérablement baisser son niveau de neuroticisme mais, du même coup, son extraversion. Il devient alors une personne Réservée. Plus aimable et consciencieuse (consciente), émotionnellement plus stable mais introvertie et toujours aussi fermée.

A noter que dans cette interprétation de développement personnel, il vaut mieux aller vers le type Réservé que vers le type Moyen car les personnes du type Réservé avec un neuroticisme très faible semblent plus disposées à ce qu’on pourrait appeler “le bonheur” ou, tout du moins, le bien-être. A ce stade de l’évolution de la personne on pourrait grossièrement présenter le schéma suivant, soit vous faites valoir votre point de vue, essayez d’être un peu leader, ou au moins, exprimez vos émotions et vos sentiments et vous risquez de le payer par des émotions négatives, soit vous faites profil bas, vous vous repliez sur vous-même et vivez en paix.

Si on poursuit dans cette lecture, le type Modèle de rôle serait l’aboutissement ultime du développement personnel. La personne appartenant à ce type peut se permettre l’extraversion tout en étant émotionnellement très stable, aimable et consciencieuse (consciente). Enfin de toutes les personnalités, c’est la seule à faire preuve d’une réelle ouverture. Comme si le fait d’être ouvert prédisposait à la fois, à être extraverti, aimable, consciencieux (conscient) et émotionnellement stable.

Si faire partie du type Réservé semble prédisposer au bien-être ou au “bonheur”, le type Modèle de rôle permettrait non seulement d’accéder à ces états mais de connaître aussi la dimension supplémentaire de l’épanouissement.

Deuxième lecture

A première vue, à la première lecture, tout semble simple : l’adolescent est en général auto-centré, puis certains murissent en devenant réservés et globalement en paix, d’autres, continuent à être extravertis, deviennent plus socialement corrects et le paient par une certaine souffrance. Une minorité, enfin, s’ouvre et trouve un épanouissement dans l’expression et la communication.

Il y a cependant une façon plus complexe d’interpréter tout cela. Revenons sur ce concept de modèle de rôle qu’il est étonnant de retrouver comme libellé d’un des quatre types de personnalités du fait de son marquage conceptuel.

Selon Wikipédia, un modèle de rôle est une personne dont le comportement, l'exemple ou le succès est, ou, peut être imité par d'autres, en particulier par les plus jeunes. Le terme modèle de rôle est attribué au sociologue Robert K. Merton (1910-2003), qui a inventé l'expression au cours de sa carrière. Merton a émis l'hypothèse que les individus se comparent à des groupes de référence de personnes occupant le rôle social auquel aspire l'individu. Un exemple étant la façon dont les jeunes fans idolâtrent et imitent les athlètes professionnels ou les artistes de divertissement.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les défenseurs américains de l’équité sur le lieu de travail ont popularisé le terme et le concept de modèles de rôles dans le cadre d’un lexique du capital social plus vaste, qui inclut également des termes tels que plafond de verre, réseau, mentorat et contrôle d'accès, permettant d'identifier et s'attaquer aux problèmes empêchant les groupes non dominants de réussir sur le plan professionnel. La littérature commerciale traditionnelle a ensuite adopté les termes et les concepts, les promouvant comme des vecteurs de réussite pour tous les ambitieux. En 1970, ces termes n'étaient pas dans le vocabulaire américain général ; vers le milieu des années 90, ils étaient devenus partie intégrante du langage courant. Bien que le terme modèle ait été critiqué plus récemment comme "obsolète", le terme et ses connotations restent au premier plan dans la conscience publique, en tant qu’expression couramment utilisée et "concept proéminent" dans l’industrie du divertissement et médias.


Le modèle de rôle peut donc être vu comme un idéal de réussite sociale. Le rôle assumé, à tous les sens du terme assumé, par une personne dominante socialement et donc, pleinement confortable dans son rôle de dominant. Pas étonnant, alors, que, dans son rôle de dominant assumé, la personne ait un très faible taux de neuroticisme. Cela ne garantit aucunement, chez cette personne, la présence conjointe de qualités d’humilité, d’honnêteté, d’intégrité. A noter, par ailleurs, que l’étude scientifique du Nothwestern, porte sur les 5 traits de personnalité des Big Five (ouverture, neuroticisme, amabilité, conscience, extraversion) mais ne traite pas le sixième trait, celui ajouté par le modèle HEXACO, qui est justement l’humilité et l’honnêteté qui caractérise une personne.

Un modèle de rôle peut donc être une personne ayant très bien réussi socialement, parfaitement épanouie dans sa réussite mais donnant un mauvais exemple à la communauté. On peut penser aux parrains de la mafia, à certains magnats de la finance, aux dictateurs, etc.

Revenons maintenant aux personnes de type Moyen. Elles sont extraverties, mais expriment souvent une frustration, une souffrance, toutes deux liées au neuroticisme important caractérisant ces personnes. Que dire de cette souffrance ?

J’aimerais citer de mémoire le début du livre d’Abraham Maslow, Vers Une Psychologie de l’Être. Ce livre, qui est le livre d’une vie et d’où provient la fameuse pyramide des besoins, commence de la façon suivante. Maslow nous dit, quand vous entrez dans ma salle de consultation et que vous me dites :

_“ Docteur, je souffre...”

Je ne peux pas garantir d’emblée que votre souffrance soit légitime ou non, je ne peux pas d’emblée décider que votre souffrance soit une bonne ou une mauvaise souffrance. Il y a des souffrances, légitimes, salutaires, et d’autres inutiles. Il en est de même des bonheurs. Il cite ensuite le prisonnier juif souffrant de sa détention et le soldat nazi satisfait de le tenir en détention.

Les personnes moyennes des sociétés occidentales, bref, l’occidental moyen est souvent en état de souffrance, et c’est normal. Les sociétés occidentales apportent beaucoup à leurs citoyens ce qui fait qu’une grande partie de la planète souhaite émigrer dans ces sociétés. Ces sociétés apportent à leurs citoyens la liberté, la sécurité, un système de santé pas toujours gratuit mais des plus efficace, l’éducation, la protection sociale, des congés payés, un système bancaire fiable. Cela demande de la part des citoyens de ces sociétés une contrepartie : ente autre, Le respect de règles strictes, l’insertion dans des organisations de plus en plus exigeantes en termes de qualité et de productivité, une compétition incessante avec autrui.
Ces sociétés sont aussi des sociétés de consommation et de loisirs. Tout est fait pour placer le consommateur dans un état de frustration permanente. La souffrance de l’occidental moyen est donc une souffrance tout à fait normale, dans certains cas, salutaire quand elle est due à l’effort que nécessite le dépassement de soi. No pain, no gain.
Le libre marché, la concurrence, la compétition, c’est ce qui fait à la fois l’excellence des sociétés occidentales et la souffrance relative d’une partie de ses citoyens.

L’occidental moyen a donc un neuroticisme important, il peut être tour à tour envieux, agressif, colérique, méchant, anxieux, démotivé, déprimé. Je finirai en citant une expression du français du Québec que j’aime beaucoup. Que dit un Québécois quand il assiste ou qu’on lui relate l’action d’une personne due à son neuroticisme, colère, méchanceté, abandon, lâcheté, etc ? Le québécois dit que c’est une action très “ordinaire”.

J’aime beaucoup l’expression. Cela veut dire que les Québécois sont beaucoup moins naïfs et idéalistes que les Français. Les Québécois partent du principe que l’individu lambda agit porté par son neuroticisme, qu’il est naturellement méchant ou lâche. Le contraire est un comportement d’exception. Cela permet dans son rapport à autrui à ne s’attendre qu’à l’ordinaire et à saluer l’exceptionnel. Une façon d’être moins déçu de la nature humaine, plus tolérant et plus élogieux face à des comportements altruistes. Une façon de diminuer son propre neuroticisme.

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